La grande histoire du cannabis : plante multimillénaire

J(17) . M(5) . A(2022) Pour apprendre

Le cannabis a une histoire riche qui n’est pas toujours racontée tout haut. Pourtant, la plante et les humains ont une caractéristique commune : la présence de cannabinoïdes dans leur constitution chimique. C’est-à-dire que le corps humain produit lui-même des cannabinoïdes par le biais d’un important système appelé le système endocannabinoïde (SEC).

Alors, si tout cela est naturel, pourquoi l’usage du cannabis a-t-il été prohibé pendant près de 100 ans au Canada?

Le SEC jouerait un rôle crucial dans le maintien des différents équilibres du corps en favorisant notamment la récupération après le stress, la protection du système nerveux, la réponse immunitaire et la stabilisation des constantes physiologiques. Composé de plusieurs petits récepteurs, il peut être stimulé par les molécules comme le THC et le CBD. Or, avant que des recherches mènent à de tels constats, la réputation des cannabinoïdes était toute autre. On démystifie l’histoire de cette plante multimillénaire dont certaines vertus sont désormais reconnues.

Au commencement, il y avait une plante

D’après une étude qui repose sur l’analyse de plants provenant du monde entier, l’humain a cultivé le cannabis pour la première fois en Chine, il y a 12 000 ans. C’est donc depuis des millénaires que la plante est utilisée pour les textiles, ainsi que pour ses propriétés médicinales et psychotropes.

Au début du 20e siècle, le cannabis se consomme toujours librement, sans sanction, au Canada.

Puis, vint la peur de l’inconnu

Il semblerait qu’il s’en est fallu de peu pour que le destin de la plante bascule.

En 1922, en pleine période de prohibition aux États-Unis, l’activiste et première femme magistrate canadienne Emily Murphy publie un livre intitulé The Black Candle dans lequel on peut lire que « lorsque les gens sont sous l’influence [de la marijuana], ils deviennent des maniaques obsédés susceptibles de tuer […] d’autres personnes des manières les plus sauvages et cruelles. » Aussi invraisemblables qu’ils soient aujourd’hui, ces propos auraient contribué à créer un climat de peur autour du cannabis à une époque où nos voisins du Sud cherchaient eux aussi à l’éradiquer notamment en raison de considérations racistes.

L’année suivante, tandis que le mouvement prohibitionniste prend de l’ampleur un peu partout en Amérique du Nord, une première loi visant à criminaliser plusieurs drogues dont la cocaïne et l’opium entre en vigueur chez nous. Le cannabis est inclus dans le lot à la dernière minute.

Et la lumière fut

Après des décennies passées dans la pénombre, la marijuana devient dans les années 60 un symbole de contre-culture adopté par une clientèle composée surtout de hippies et d’artistes de renom comme David Bowie, Iggy Pop et The Beatles. Souvent liée à la créativité, la substance a, selon l’histoire populaire, servi d’inspiration pour de nombreuses œuvres d’art et créations musicales. D’ailleurs, certaines recherches ont démontré que la consommation de cannabis stimule la circulation sanguine vers le cerveau. En petite dose, elle pourrait donc favoriser la pensée divergente - un processus cognitif qui est considéré comme un indicateur du potentiel créatif d’une personne et qui l’amène à produire plusieurs idées ou solutions pour une situation donnée.

Constatant entre autres que la plante ne provoque pas les comportements violents qu’on lui attribuait 50 ans plus tôt, Pierre Elliott Trudeau dépose en 1973 un projet de loi visant à décriminaliser le cannabis. Le gouvernement n’y donne toutefois pas suite et ce n’est qu’en octobre 2018 que Trudeau fils réussit à faire entériner la légalisation. Tout un détour pour revenir aux sources.

Depuis, la science a fait de grands progrès

Bien que les récepteurs du système endocannabinoïde de chaque individu réagissent différemment lorsqu’ils entrent en communication avec les molécules de la marijuana, plusieurs reconnaissent désormais les bienfaits de cette plante. Parce qu’il stimule le fonctionnement du SEC, le cannabis pourrait soulager les douleurs chroniques et les effets secondaires de la chimiothérapie en plus d’être utile contre plusieurs affections comme la sclérose en plaques, le glaucome, la maladie de Parkinson et l’alzheimer.

La reconnaissance des vertus thérapeutiques et l’acceptation de l’usage récréatif ont ouvert la voie à l’innovation dans le secteur pharmaceutique. Aujourd’hui, le cannabis est offert en une multitude de formats - fleurs séchées, huiles, atomiseurs, gélules, produits comestibles et boissons - disponibles chez plusieurs revendeurs autorisés à l’échelle du pays. Disons qu’Emily Murphy doit se retourner dans sa tombe.

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